43,3 % de la population vit avec moins de 0,81 €/jour. 2 200 000 personnes en situation de handicap, dont 97 % sont marginalisés et exclus de la vie publique et politique. 55 % de la population sont des femmes, dont moins 1 % sont représentées dans les instances de décisions, 97 % des femmes ont été excisées avant l’âge de 15 ans, 80 % des femmes déjà mariées ou en union libre ont été victimes de violence conjugale. Au moins 1,6 million d’enfants de moins de 14 ans sont directement touchés par le manque de capacités socioéconomiques, d’information et d’éducation de leurs familles et ont un accès très limité aux services de base. 43 % des enfants de 5-17 ans sont occupés économiquement.

CONTEXTE

Avec seulement 39,6 % de la population alphabétisée, un indice développement humain de 0,459, la Guinée est tristement classée 178e sur 189 pays en 2019 par la banque mondiale. Selon les données de l’institut national de la statistique en Guinée, un peu moins de la moitié des Guinéens (44 %) vivraient en dessous du seuil national de pauvreté qui est estimé à 13717 GNF/personne/jour (1,1 EUR) en 2019.

En plus de ce contexte économique peu reluisant, le pays est miné par des clivages ethniques, exacerbés par les tensions politiques [1], qui continuent à aggraver une situation de précarité déjà intenable [2].

En dépit de la pandémie, des crises politiques, la guinée a enregistré une croissance soutenue ces dernières années, 5,2 % en 2020 à 5,6 % en 2021, dû à l’exploitation minière (principalement la bauxite) qui représente plus de 25 % de son Produit intérieur Brut.

Toutefois, cette croissance n’a pas eu d’incidence majeure sur le niveau de vie de la population, bien au contraire, nous constatons encore :

  • Une faible production de richesses en faveur des populations : par exemple la contribution générale du secteur extractif au PIB de la Guinée est de l’ordre de 15 %, et représente seulement 32 % des recettes de l’État, 78 % des exportations et 0,4 % des emplois.
  • Une dégradation sans précédent de l’environnement : de 14 millions d’hectares de forêts dans les années « ’60’’, la Guinée se retrouve aujourd’hui avec moins de 700000) [4].
  • Un taux de chômage en nette augmentation, passant de 4,1 en 2019 à 4,3 % en 2020,

Malgré la volonté affichée du président de la Transition, les efforts du gouvernement en faveur des femmes, leurs situations restent toujours précaires. Notamment en termes de pauvreté, de violences basées sur le genre ainsi que des relations encore inégalitaires entre hommes et femmes.

  1. En termes de pauvreté

Selon l’institut national de la statistique de guinée “Plus de la moitié des pauvres, en Guinée sont des femmes (53,6 %). Avec un taux de pauvreté de 44,6 %, les femmes restent la couche la plus vulnérable en Guinée.”

“La profondeur ainsi que la sévérité de la pauvreté sont légèrement élevées chez les femmes que chez les hommes. Chez les femmes, ces indicateurs sont respectivement de 12,8 % et 5,1 % contre 12,2 % et 4,9 % chez les hommes”

    2. En termes de violences basées sur le genre

Les violences faites aux femmes constituent les principales entraves à la réalisation de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes en Guinée.

Malgré une législation en faveur de la promotion des droits des femmes, les violences faites aux femmes persistent et restent malheureusement très répandues. Par exemple selon le rapport du FCP/PNUD en 2017, “92 % des femmes guinéennes âgées de 15-49 ans sont affectées par les violences. À cela s’ajoutent les mariages et grossesses précoces. 63 % des filles se marient avant 18 ans tandis que 26 % d’adolescentes de 15-19 ans sont déjà mères. La Guinée vient en 2e position parmi les 28 pays africains où l’excision est pratiquée”.

Les dispositions légales en faveur des femmes sont très souvent contournées engendrées en grande partie par la mauvaise gouvernance, la corruption, la culture de l’impunité. On note aussi la faible capacité organisationnelle et de mobilisation des ressources des acteurs de la société civile ainsi que les difficultés contextuelles pour les femmes à affirmer leur leadeurship, à lutter contre les violences dont elles sont victimes et à faire entendre leurs voix sur la scène publique.

   3. En termes d’éducation et de leadership

En Guinée, les femmes, particulièrement celles vivants en zone rurale ont une influence majeure sur la santé et le bien-être de leurs communautés locales à cause de leur rôle central dans la production alimentaire et au sein des économies rurales. Paradoxalement cela ne se traduit pas dans les relations hommes et femmes.

Le statut social des femmes en Guinée, reste encore largement régi par des stéréotypes les subordonnants aux hommes, notamment  du fait de l’analphabétisme (83 % de la population), de la mauvaise interprétation de la religion (95 % de musulmans) de la gérontocratie (82 % des autorités locales, ont plus de 65 ans), des pesanteurs socioculturelles.

Comme conséquence directe, les femmes et filles sont moins scolarisées, ont moins accès aux ressources, et n’ont pas le pouvoir de décider pour elles-mêmes et pour leur familles.

Dans la pensée traditionnelle, on suppose “qu’en définitive, la jeune fille aura forcément un mari pour lui offrir un foyer et un toit, à quoi bon investir autant dans son éducation scolaire”

C’est donc tout naturellement que l’espérance de vie du sexe féminin et les taux d’analphabétisme chez les adultes de sexe féminin sont restés bas, tandis que les femmes et les filles ont également souffert le plus de l’insécurité alimentaire, des tensions politiques et de la pandémie de la COVID 19.